چکیده:
En dépit de son caractère second, clos et limité, l’activité du traducteur peut se définir à partir de la même double tâche que Gérard Genette assignait à l’écrivain, mais aussi au critique littéraire : écrire, se taire. Le silence du traducteur et de l’œuvre traduite se donnerait, dès lors, le même type d’explications que le silence de la littérature, considérée, depuis deux siècles, comme un discours « pétrifié », non communicatif, non communicationnel, autoréférentiel, autoréflexif. Ce « mutisme » est le lieu où la théorie de la traduction, telle qu’elle est reçue du romantisme allemand, de Schleiermacher, et rediscutée par Rudolf Pannwitz, puis par Walter Benjamin, rejoint la voix dominante de la théorie littéraire de la seconde moitié du XXe siècle. Si ce n'est pas en écrivant que le traducteur peut affirmer son statut d'écrivain, ce statut serait-il déductible du "silence" de l'œuvre traduite? Voilà la question qui meut cette réflexion.
خلاصه ماشینی:
La différence des deux opérations se définirait-elle, dès lors, au niveau de leur projet, et c’est là que réside la thèse fondamentale de Benjamin : contrairement à l’œuvre littéraire, dont l’intention « ne vise jamais la langue comme telle, dans sa totalité », la traduction se tourne vers « [la] langue dans son ensemble à partir d’une œuvre d’art singulière écrite en une langue étrangère » (ibid.
Le « pur langage » auquel aspire la théorie « traductionnelle » de Benjamin, en dépit de la précaution que celui-ci a prise de distinguer, radicalement, entre les tâches respectives de l’écrivain et du traducteur (2000, 254)6, ne peut, en vérité, être autre chose que ce langage silencieux, cette parole « muette », qui se présente comme l’enjeu de toute production littéraire, y compris critique, depuis deux cents ans.
Elle rejoint la parole pétrifiée de Hugo et Flaubert, le langage neutre et éloquent de la poésie parnassienne, la musicalité chromatique des symbolistes, le mot-matière et la « colonne de silence » du poème mallarméen (Sartre, 1986, 157), la littérature du signifiant ; elle annonce, sur le plan critique, les thèses de Blanchot, Foucault, Deleuze, Derrida, Genette, Rancière – toute cette pensée qui a dit, d’une manière ou d’une autre, le mutisme, le « ne pas vouloir (pouvoir) dire » de la littérature (Derrida, 1999, 161).