خلاصة:
L’image de la sémiotique française s’est figée, à partir des années 1960, comme celle d’une discipline formelle travaillant exclusivement sur des artefacts séparés de la vie et de la réalité de l’expérience vécue. En effet, la sémiotique classique narrative coupant le texte de la réalité du monde vécu, donne toutes les valeurs à l’énoncé, extrait de leur contexte, où les sujets sont exclus de leur histoire, les objets vidés de leur substance et effets de sens sans présence. Pourtant cinquante ans ont passé et la discipline offre un autre visage en s’inspirant des origines phénoménologiques qui font paraitre au sein de la sémiotique les dimensions perdues du sens, celles qui dépendent de la « présence » même – immédiate, éprouvée – de l’autre, des textes, de la matière sensible. A vrai dire, cette inspiration oriente cette discipline vers la constitution d’une sémiotique de l’expérience, où il s’agit d’un retour à la réalité, aux expériences vécues et aux pratiques quotidiennes. Cet article a pour l’objectif de montrer comment cette nouvelle perspective a changé la lecture des discours notamment publicitaires en nous faisant passer de l’univers du visible à celui du sensible, de la surface du papier à l’expérience vécue, de la représentation à la présence et à la réalité.
ملخص الجهاز:
C’est l’image de la sémiotique française aux années 1960, une discipline formelle qui, comme nous dit Eric Landowski, ne travaille que sur les textes séparés de la vie et de leur contexte, celle qui traite les sujets exclus de leur histoire et de leur être au monde, et les objets vidés de leur substance, et alors les effets du sens sans présence (Landowski, 2004, 2).
De son côté, Nedret Öztokat explicite l’objectif de la sémiotique actuelle en précisant la priorité accordée au sujet : «Les dernières recherches sémiotiques qui ont mis l’accent sur les propriétés sensibles et impressives du discours nous offrent un moyen de cerner et de comprendre le rapport entre le corps et la représentation de l’univers, construite elle-même par la médiation du vécu de ce corps…» (2004, 135).
Dans les rapports d’ajustement, la manière dont un acteur en influence un autre passe non plus par la communication d’objets autonomes, comme ce que nous voyons dans le régime de jonction, mais par le contact contagieux – ceci impliquant une problématique de l’union : « Nous avons désormais affaire à une interaction entre égaux, où les parties co-ordonnent leurs dynamiques respectives sur le mode d’un faire ensemble » (Landowski, 2005, 42).
En d’autres termes, l’image n’ayant pas le pouvoir de rendre l’objet même présent, est chargée de le promouvoir et vise à nous faire sentir, par contagion, ce que le sujet figuré dans l’énoncé est lui-même censé ressentir par son contact : « la figuration des sujets en tant que corps agis médiatise ainsi la possibilité de notre propre saisie des objets en action » (Ibid.