Abstract:
La littérature comparée a toujours gardé une étroite relation avec l’Histoire et les beaux-arts. Delacroix, le dernier Renaissant et le premier des Modernes selon Baudelaire, avec son tableau «La liberté guidant le peuple», exposé au Louvre, immortalise Marianne, la figure allégorique de la République française. Une femme coiffée d’un bonnet phrygien, tenant le drapeau français à la main droite et le fusil à la main gauche; elle représente les valeurs républicaines françaises contenues dans la devise: «Liberté, Egalité, Fraternité». Toujours est-il que chaque artiste d'une époque donnée, partage forcément avec ses contemporains certaines perceptions, voire certaines conceptions liées à son temps. Les recherches déjà effectuées affirment que sous l’égide de l’Histoire, les arts, en particulier la littérature et la peinture se sont mutuellement influencées. Cette étude a pour objectif principal l'analyse parallèle d’un tableau de maître, «Le roi Zoulou» de Basquiat, et d’un poème, «Chaka» de Senghor, en mettant l'accent sur l'Histoire. Pour atteindre notre but, nous nous sommes appuyés principalement sur l’esthétique et les idées des comparatistes français de notre temps.
Machine summary:
Introduction Dès l’Antiquité, l’un des idéaux poétiques est de demander à l’écrivain d’écrire comme le peintre peint; mais la vraie «thématique du rapprochement de la peinture et de la poésie, c’est-à-dire de la littérature s’affirme à partir de la Renaissance pour devenir au XVIIe siècle un lieu commun esthétique» (Haquette, 2005,147), et cela conformément au précepte du poète Horace: «Ut picturapoesis… » (Brunel-Chevrel, 1989, 255).
» (Becq, in: Duchet, Vachon, 1998, 311) En ce qui concerne notre étude, nous essayerons de voir de près la correspondance entre une œuvre poétique de Léopold Sédar Senghor, le poème de Chaka du recueil Ethiopiques, où il parle d’un grand guerrier africain nommé Chaka, et de la toile de Basquiat nommée Le roi des Zoulous, sur lequel le même guerrier est présent1.
2. Correspondance entre «Chaka» et «Le Roi des Zoulou» Senghor et Basquiat n’appartiennent pas à la même génération, ils ne sont pas du même pays ni de la même langue, mais les deux évoquent le même sentiment envers l’Afrique, la colonisation, le racisme et la négritude: le premier dans sa poésie et ses actes politiques le deuxième dans son art plastique, la peinture.
C’est ainsi que «le poème Chaka réinvente le mythe du guerrier zoulou libérateur de son peuple, pour en faire un héraut de la négritude, figure emblématique du poète lui- même: la «passion» que vit Chaka, déchiré entre l’action politique et l’amour, le part 1 Nos citations d’Ethiopiques renvoient à Œuvre poétique, Paris, Seuil, 1990.