Abstract:
Le Fou d'Elsa de Louis Aragon porte de manière de plus ou moins
visible la trace et la mémoire d’un héritage littéraire considérable.
C'est une création originale à partir de la coexistence d’éléments
distincts mais compatibles, qui relèvent de toutes sortes d’influences,
d’imprégnations, de réminiscences1. C’est un enchevêtrement
d’emprunts à la littérature arabe, à l'histoire andalouse du XVe siècle,
à celle de la France du XXe ainsi qu'à la pensée philosophique,
religieuse et mystique de la culture aussi bien d'Orient qu'Occident.
L'histoire de Hallâdj figure parmi les sources qui en ont nourri la
création. Cette recherche a pour objectif d'étudier les ressemblances de
Louis Aragon avec un personnage mystique arabe, d'origine persane, à
savoir, Hallâdj. Nous avons essayé de montrer comment le personnage
fictif du Fou aragonien incarne son modèle mystique
Machine summary:
"C'est un de ces personnages qui […] croit que, se sacrifiant lui-même, il va exalter la force […] ceci nous rapproche tout à fait d'un autre des grands mystiques de l'Islam, Al'Hallâdj, Mansoûr Hallâdj…» (Aragon, 1964, pp.
Cette présente recherche est consacrée à l'étude de l'inspiration de Louis Aragon dans Le Fou d'Elsa à partir d'une histoire vécue par un mystique arabe, celle de Mansoûr Hallâdj.
Louis Aragon déclare clairement que c’est Massignon qui lui a fait découvrir l’histoire et le procès de Hallâdj : « J'avoue avoir lu, grâce à Louis Massignon, Husayn Ibn Mansur Hallâdj, à la fois comme l'un des plus grands poètes qu'il m'ait été donné d'entendre, et (…) comme un témoignage sans égale de l'érotisme spirituel; à ce niveau où peut atteindre la passion humaine, et sans quoi l'homme ne serait pas ce qu'il est.
Le Fou avoue son amour envers Elsa, sa bien-aimée, qui habite en un autre siècle, dans l'avenir: « Pour le reste, les réponses du vieil homme étaient embrouillées et incompréhensibles: dans son langage mystique, il affirmait qu'Elsa habitait un autre siècle dans l'avenir et, quand on lui demanda de la faire venir, il dit que ce n'était point du pouvoir humain d'évoquer un être à quatre cents et cinquante années de distances …» (Aragon, 1963, p.
Conclusion Dans Le Fou d’Elsa, Louis Aragon crée une autre Elsa aussi sublime que Dieu pour satisfaire la tristesse qu'il aurait subies lors de sa séparation de son épouse Elsa, pendant la Deuxième Guerre Mondiale."