Abstract:
L’écriture fantastique a un aspect élargi dans la littérature française du XIXe siècle. Ce genre apparaît pendant ce siècle tantôt sous forme de roman, tantôt sous celle de nouvelle. Au XIXe siècle, les auteurs s’intéressent de jour en jour à cette forme d’écriture. Aurélia de Gérard de Nerval est un exemple vif qui représente un univers fantastique par excellence. L’écriture fantastique de cet ouvrage est au service de l’écriture de soi. Pour mieux développer les techniques textuelles de cette oeuvre fantastique, nous pouvons faire une réflexion profonde sur la structure des personnages, de l’espace et du temps. Toutes ces structures animent l’autoportrait de l’auteur avec un degré de sincérité. Parallèlement, nous allons étudier cet ouvrage d’après les théories de Tzvetan Todorov. Toutes ces analyses auront pour seul objectif de souligner les traits entre l’écriture fantastique et l’écriture de soi. Nous envisageons comprendre comment l’écriture fantastique du roman d’Aurélia est en correspondance avec les ressorts de l’écriture de soi?
Machine summary:
"Il annonce: «les récits de ceux qui m’avaient vu ainsi me causaient une sorte d’irritation quand je voyais qu’on attribuait à l’aberration d’esprit les mouvements ou les paroles coïncidant avec les diverses phases de ce qui constituait pour moi une série d’événements logiques » (Nerval, 1999: 758) et «avec cette idée que je m’étais faite sur le rêve comme ouvrant à l’homme une communication avec le monde des esprits, j’espérais (…)» (Nerval, 1999: 453).
À première vue, le fantastique n’existe pas ici: ni pour le personnage qui ne considère pas ses visions comme dues à la folie mais comme une image plus lucide du monde (il est donc dans le merveilleux) ; ni pour le narrateur, qui sait qu’elles relèvent de la folie ou du rêve, non de la réalité (de son point de vue, le récit se rattache simplement à l’étrange).
Dans le récit d’Aurélia, le thème du doute est l’un des thèmes clé pour marquer la déraison: «Je dînai avec eux assez tranquillement ; mais, à mesure que la nuit approchait, il me sembla que j’avais à redouter l’heure même qui, la veille, avait risqué » (Nerval, 1966: 762).
À travers le peuple de cette capitale, je distinguais certains hommes qui paraissaient appartenir à une nation particulière ; leur air vif, résolu, l’accent énergique de leurs traits, me faisaient songer aux races indépendantes et guerrières des pays de montagnes ou de certaines îles peu fréquentées par les étrangers ; toutefois c’est au milieu d’une grande ville et d’une population mélangée et banale qu’ils savaient maintenir ainsi leur individualité farouche» (Nerval, 1966: 768)."