Abstract:
Dans presque toutes les oeuvres de Milan Kundera, l'écrivain tchèque, un sentiment de haine vague mais omniprésent apparaît dans la conscience des personnages. Bien qu’ils ne le confessent pas ouvertement, la manière dont ils traitent leur corps et les corps des autres révèle un sentiment profond de dégout et d’abjection envers celui-ci. Cette haine du corps est en partie enracinée dans le phénomène inconscient de l'abjection ainsi que dans le conflit entre le moi et le corps. En effet, on pourrait dire que dans ses oeuvres, Kundera confronte intentionnellement les personnages à des situations où ils doivent faire face à leur corps, remettant en question leur rapport avec celui-ci. Cette confrontation prend parfois une forme violente. Dans cet article nous allons examiner psychologiquement les origines de cette violence d’après les idées de Kristeva et Lacan, d'abord dans le roman La vie est ailleurs dans les chapitres concernant la rencontre de la mère avec le peintre, puis dans L'immortalité, là où la fille tente de se suicider sur l'autoroute.
Machine summary:
Dans cet article nous allons examiner psychologiquement les origines de cette violence d’après les idées de Kristeva et Lacan, d'abord dans le roman La vie est ailleurs dans les chapitres concernant la rencontre de la mère avec le peintre, puis dans L'immortalité, là où la fille tente de se suicider sur l'autoroute.
Des corps acéphales et des visages métamorphosés Mis à part la partie onirique touchant le personnage de Xavier, les chapitres concernant la relation de Jaromil et sa mère avec le peintre sont peut-être les chapitres les plus abstraits de La vie est ailleurs; on dirait que cette partie est complètement au service d’idées et de thèmes composites, réunis et juxtaposés par l’écrivain.
Selon le personnage du peintre, ces peintures ne sont pas dues à une simple "idée fortuite", mais à «quelque chose qui plongeait ses racines dans les profondeurs de son enfance» (Kundera, 1973: 50).
Dans le roman La vie est ailleurs, comme les personnages sont dégoutés de leur corps, ils prennent distance avec eux pour se forger un 1 Selon Kristeva dans le livre Pouvoirs d’Horreur, les êtres ne surgissent pas soudainement dans le monde comme des sujets discrets et séparés.
Nous voulons devenir pour l'autre objet qui ait pour lui-même la valeur de limite qu'a par rapport à sa liberté, son propre corps» (Kadiu, 2007: 89) Ainsi, comme on vient de voir, nous sommes témoins d'une objectification extrême: l'humiliation et l'abjection du corps; cette abjection reste dans l'inconscient et ses manifestations se voient sous forme de la violence et des comportements sadiques envers le corps.