Abstract:
En matière d'innovation romanesque, le vingtième siècle français fut, à n'en pas douter, une période particulièrement prolifique. Différents genres et sous-genres de roman se disputèrent le privilège d'occuper un temps le haut du pavé, de représenter "la" tendance dominante avant d'aller rejoindre la liste non close des désormais "classiques" contemporains. Le roman de formation, le roman psychologique, l'éphémère roman surréaliste, le roman existentialiste, le nouveau roman...autant de catégories dont chacune recouvre autant d'individualités marquantes, susceptibles à leur tour de donner lieu à de nouvelles mouvances esthétiques. Le tournant des années 1980 accentue le phénomène en favorisant l'émiettement du genre, sans pour autant atténuer l'appétit "classificatoire" de la critique. La notion de roman "minimaliste" est ainsi le résultat de la perception, chez la critique, de traits communs dans les œuvres d'un panel d'auteurs affiliés aux Editions de Minuits. Parmi ces derniers, certains sont passés maître dans
l'instrumentalisation de la dimension énonciative de leurs récits. Jean Philippe Toussaint et Patrick Deville, entre autres, utilisent de manière optimale l'ensemble des ressources du discours, en vue de créer une forme romanesque, un sous-genre narratif ambivalent, à l'intérieur duquel la tension permanente entre récit et discours acquiert, nous le verrons, une valeur quasi programmatique
Machine summary:
En effet, s'agissant de Patrick Deville et de Jean Philippe Toussaint, nous aurons l'occasion de voir, dans la perspective d'une approche résolument textuelle effectué à partir d'une sélection de textes, que la dimension narrative de chacun de leurs ouvrages, fortement descriptif, reste malgré tout singulièrement investi par la subjectivité d'un énonciateur qui ne cesse de s'immiscer dans la trame du récit.
Cette phrase peut en effet être interprétée comme du discours direct intégré, mais sachant que la transposition discursive reste le mode énonciatif privilégié chez Deville, on pourra également interpréter cette séquence comme du discours indirect libre, c'est-à-dire du discours transposé, sans verbe déclaratif.
Même si les fragments de discours rapportés restent toujours également interprétables en terme de discours direct régit, à l'exemple de ce passage tiré de l'Appareil-photo: Je dus la détromper nous dit le narrateur," mais lui laissai entendre que les choses avançaient, j'avais déjà la photocopie de mon passeport et envisageais dans les heures à venir de voir ce qu'il y avait lieu de faire pour la fiche d'état civile (Toussaint, 1986, p.
Il est vrai que chez Deville cette manière de synthèse de la narration, du discours indirect et du discours direct virtuel est une procédure privilégiée qui permet à l'auteur de Cordon-bleu de manipuler les formes traditionnelles de discours rapportés.
La description comme mode dominant dans les récits de nos deux auteurs, est continuellement pénétrée par le discours rapporté sous toutes ses coutures.