Abstract:
La rêverie est un enjeu majeur dans l’étude des oeuvres littéraires car
la rêverie reflète le monde imaginaire d’un écrivain. Ainsi les rêveries se
trouvent –elles au coeur de la critique thématique qui les analyse en
cherchant les récurrences significatives. De la sorte, nous pourrions
supposer que chaque écrivain projette ses rêveries dans son oeuvre et en
fait la matière première de sa création littéraire. Les rêveries sont une
notion clé pour comprendre l’univers littéraire de Colette : cet écrivain
établit une corrélation entre ses rêveries et les éléments de la trame
romanesque particulièrement la description des personnages. Cela étant,
dans le cadre de cet article, nous nous proposons d’analyser ces rêveries
dans Sido, Les Vrilles de la Vigne et le Blé en herbe dans une vision
thématique en nous appuyant surtout sur les propos de Resch qui
privilégie essentiellement les détails corporels. Dans cette optique, nous
nous intéressons à la description physique des personnages féminins afin
de montrer comment cette description contribue à la mise en oeuvre de
l’univers littéraire de Colette. Ainsi notre étude porte-t-elle sur la
description physique et mentale des personnages féminins et également
sur la portée du vocabulaire des couleurs dans cette description.
Machine summary:
« Corps unifiant, unifié, dynamique et dynamisant, qui donnait à voir, à toucher, à porter, à rêver, corps dont chaque geste, chaque mouvement, toutes les libres inventions de vie, pouvaient être reprises en langage ; ce sont les puissances poétiques du corps réel de Sido qui déposèrent en Colette les germes les plus actifs de son pouvoir de symboliser » (Miliner, 1981 : 82) Une femme colettienne a une personnalité dominante qui lui permet de dominer les crises et les revers dans sa vie quotidienne, c’est pourquoi les personnages féminins dans l’œuvre colettienne sont dotés de la force physique et mentale : dans Sido, le visage de Sido un peu ridé est coloré de vie et d’expression.
Vinca devient comme un archétype de la femme dans ce récit et elle ressemble à une sorte d’esprit impalpable pour Phil qui la perçoit par sa voix, son parfum mais qui ne la voit pas car elle se confond avec les nuits ; elle est presque immatérielle : « [Vinca] disparut, revient comme un sylphe, sur ses pieds si légers que Phil devina son retour au parfum que le vent portait devant elle » (Colette, 1974 :179).
La force psychologique des femmes est reflétée aussi dans leur description physique : chez Colette, le corps féminin est toujours sain, c’est un milieu énergique.
Comme conclusion à cette recherche, nous pouvons constater que la rêverie colettienne est un élément clé de son univers littéraire dans Sido, Les Vrilles de la Vigne et le Blé en herbe.