Abstract:
Lalla, jeune fille marocaine, est la figure dominante du second récit de Désert,
roman célèbre de Le Clézio. Ce personnage comme la plupart des personnages
lecléziens, vit au sein de la nature où il n’existe aucune trace de civilisation. Elle
préfère vivre en marge de la société et en dehors de tout ordre social et elle finit par
fuir tout ce qui menace sa liberté et recherche un monde où elle ne subirait aucune
contrainte. Pourquoi ce refus de la modernité et cette sympathie avec la nature chez
Le Clézio? L'objectif de cet article est en effet de montrer au lecteur la pureté et
l'innocence de l'univers du personnage central en contraste avec l'inquiétude d'un
être agressé par la violence du monde moderne. Et par là montrer donc les éléments
qui sont à l’origine de la peinture leclézienne préférant le bonheur du désert à la
modernité des grandes villes.
Machine summary:
"Alors que l'homme moderne se retranche en solitude, coupant ses racines avec le monde naturel, le personnage des récits lecléziens au contraire, ne cherche pas à se débarrasser de la solitude, il s'y complaît et cette exclusion a en effet bien souvent le rôle de stimulus de la mise en route vers la liberté.
Dès le début de la première partie de l'histoire de Lalla, «Le Bonheur» raconte l'errance joyeuse de Lalla dans un lieu entre mer et désert (Salles, 1999, 66) ; l'héroïne de Désert qui vit dans un pauvre bidonville près de la mer, en marge d'une grande ville du Maroc, nous la trouvons en train de déambuler aux alentours de la Cité: Le soleil se lève au-dessus de la terre, les ombres s'allongent sur le sable gris […] le long du chemin, à l'abri de la ligne des dunes grises, Lalla marche lentement (Le Clézio, 1980, 87).
Loin de son pays, dans le monde occidental, dans les villes, telles Marseille ou Paris, Lalla cherche toujours à satisfaire le désir qu'elle ressent de marcher et pour elle, au bout de la marche existe toujours de la conscience et de la vie (Cortanze, 1999, 160).
Et la plupart du temps, c'est la nature, avec tous ses éléments qui s'avère être un milieu d'accueil de prédilection capable, d'une part, de répondre aux exigences de l'âme du héros et, de l'autre, de l’encourager fortement dans son désir de fuite."