خلاصة:
Selon une loi qui rappelle l’accumulation du capital ou l’agrégation des corps dans l’espace, les auteurs sont d’autant plus étudiés que la littérature qui les concerne est abondante. Inversement l’oubli où d’autres sont plon-gés semble s’aggraver à chaque publication nouvelle sur les premiers.
Pourtant un dossier très mince à la BNF ne signifie pas que l’auteur n’avait rien à dire. Beaucoup n’ont pas senti autant que Colette ou George Sand ou comme ces romancières au nom d’homme1, l’aiguillon de la né-cessité. Bien souvent, après un ou deux essais, une femme auteur a fait foi des jugements condescendants de l’autre sexe. Mais d’autres encore n’ont pas attaché à l’écrit – ni au statut de l’écrivain – le prestige qui l’a entouré depuis le temps des Lumières jusqu’à, disons, l’invention du livre de poche. Elles ont préféré écrire pour leurs amis, pour des happy few plutôt que, comme disait Paul Valéry, pour une multitude de jeunes gens plus ou moins blasés.
Il y a cependant profit à se pencher sur les oeuvres rares, et je voudrais ici en montrer quelques exemples. Il s’agit de femmes que j’appelle les Singulières pour la raison qu’elles n’ont publié – selon la BNF – qu’un seul ouvrage. En voici quatre, à rebours sur la route du temps. La biblio-thèque en recèle bien d’autres.
ملخص الجهاز:
"Dans la notice qui lui sert d’introduction, centrée selon l’usage sur la réputation de la jeune femme beaucoup plus que sur les textes, le chevalier Coupé de Saint-Donat résume les événements qui – n’en déplaise à Saint Proust3 – ont façonné l’œuvre de Marie Jeanne, composée de six élégies, idylles et deux nouvelles en prose.
Aimant le théâtre, cette spectatrice se montre très critique vis-à-vis des œuvres jouées de son temps ; mise au défi par un ami de corri- ger les défauts qu’elle reproche à leurs auteurs, elle écrit −en 12 jours seulement − sa propre version d’une de ces tragédies, La com- tesse de Fayel.
Le genre est toujours vivant en 1770, Voltaire aussi, et la popularité des siennes lui fait croire que c’est par là qu’il restera dans les mémoires.
En 1673, Anne de la Vigne publie une Ode au Roy. Ce n’est pas cette première publication qu’on lit à la BNF, mais un recueil fabriqué à la Restauration, et qui ajoute beaucoup à l’intérêt de la pièce, car il la resitue dans un dia- logue.
Quoi qu’il en soit, il y a gros à parier que le badinage galant d’Anne et de Marie (!), tout comme le dilettantisme de Barbe Co- chois, ou le pastiche appliqué de Mme de Marron sont plus proches de l’esprit de leur temps – de ce qu’à leur époque on pouvait réel- lement lire, échanger dans un salon ou entendre sur le théâtre − que les œuvres comparables de Chénier, de Voltaire ou même de Dide- rot."